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Projet STARS : point d'étape sur l'avancée des recherches

Le projet de recherche STARS (SanTé des ARtistes du Spectacle vivant) vise à identifier les facteurs spécifiques, individuels et collectifs, de la construction de la santé des artistes et ainsi à contribuer à l’amélioration des démarches de prévention dans le spectacle vivant.
Lancé en début d'année, il a donné lieu à de premiers entretiens avec des artistes en résidence et leurs structures d'accueil. Nous avons interrogé Jade Guiguet, qui a mené ces entretiens et nous en donne les principaux résultats.

Jade Guiguet
Jade Guiguet

Jade, pourriez-vous vous présenter et nous dire quelle mission vous a été confiée dans le cadre du projet STARS ?

Je suis étudiante en master 2 psychologie du travail et des organisations à l’université Lyon 2, où j’ai effectué tout mon cursus en psychologie. Je me suis spécialisée en psychologie du travail en 3ème année. J’ai intégré le projet STARS pour mon stage de fin d'études de 5 mois, avec pour objectif de réaliser un état des lieux des pratiques des structures d’accueil des résidences d’artistes dans le spectacle vivant, en particulier par rapport à la prise en charge de leur santé. J’ai aussi mené un second état des lieux concernant la santé des intermittents du spectacle, comédiens, danseurs, circassiens et musiciens.

Vous vous êtes intéressée à des structures d’accueil et de diffusion en région Rhône-Alpes. Comment avez-vous procédé ?

J’ai interrogé 11 structures au total, en présentiel ou en visioconférence selon le lieu où elles se trouvent, à Grenoble, dans la Drôme ou dans la région lyonnaise. Ces structures sont spécialisées dans la danse, le théâtre, le cirque, les arts de rue, la musique ou sont multifonctionnelles.

J’ai mené les échanges d’après un guide d’entretien de 21 questions que j’ai construit au préalable sur la base de 3 parties : la présentation de la structure, l’accompagnement des artistes, la santé et la prévention des risques chez les artistes. L’objectif était d’avoir une vision complète du fonctionnement d’une résidence d’artistes, et plus spécifiquement des mesures prises en direction des artistes sur l’aspect santé. Les contacts de structures ont été transmis par Elsa Laneyrie, qui est la Responsable scientifique du projet et ma tutrice de stage.

Après les entretiens avec les structures, j’ai interrogé les artistes eux-mêmes. Je leur ai proposé de venir les observer le temps d’une répétition et, pour ceux qui étaient d’accord, de leur poser des questions. Certains de ces artistes m’ont donné des contacts pour poursuivre mes recherches auprès d’autres artistes. Au total, j’ai pu faire 5 observations et interroger 10 artistes à distance ou en présentiel. J’ai utilisé un autre guide d’entretien de 36 questions, là aussi organisées en 3 parties : la structure, la santé physique et l’accompagnement aux soins, et enfin les risques psychosociaux. Pour cette dernière partie, je me suis inspirée des items du rapport Gollac publié en 2011. Je me suis par exemple intéressée au fait de se sentir utile dans son travail ou aux conditions de travail.

Enfin, j’ai fait une analyse thématique de ces entretiens, avec une reprise de verbatims, et ai créé une infographie avec les principaux résultats.

Quels sont vos premiers constats ?

Pour les structures, concernant le volet prévention santé, il est apparu que 72 % d’entre elles ne traitent pas cette question, notamment parce qu’elles considèrent que ce n’est pas leur rôle en tant que structure d’accueil et non employeur de la compagnie ; 18 % d’entre elles la prennent en compte mais n’ont pas de démarche véritablement construite ; et seulement 9 %, soit une structure sur les 11 interrogées, appliquent une politique de prévention.

En revanche, chacune d’elles a mis en place des mesures que l’on pourrait considérer comme de la prévention ou, en tous cas, en faveur de la sécurité et du maintien de la santé des artistes. Par exemple : des ateliers avec des professionnels de santé comme des kinésithérapeutes ou ostéopathes, un guide de santé sur les risques, la mise à disposition de numéros utiles de professionnels de santé, de matériel de premiers secours, de l’affichage sur les violences et harcèlement sexistes et sexuels, l’intervention de techniciens pour manipuler correctement les équipements qui peuvent représenter un danger comme des projecteurs… Les structures m’ont toutes dit qu’elles restaient à l’écoute des artistes en cas de besoin.

Concernant les artistes et tout ce qui a trait à la santé physique, les entretiens ont révélé qu’ils font très peu appel à la médecine du travail, soit par méconnaissance, soit parce qu’ils n’y voient pas l’utilité. En cas de douleur, la plupart d’entre eux m’ont expliqué qu’ils ne s’arrêtent pas si elle est supportable, ils essaient de se soigner seuls. Les médecines alternatives sont préférées aux médecins généralistes car ils les jugent plus adaptées à leurs pratiques, en particulier pour les danseurs et circassiens. Néanmoins, avec l’expérience et l’âge, ils ont tendance à plus écouter leur corps. J’ai noté par ailleurs une petite alerte du côté de la consommation de substances addictives comme l’alcool et les drogues.

Sur le volet risques psychosociaux, tous les artistes m’ont dit ressentir de la pression, que ce soit pour trouver du travail ou être à la hauteur des attentes qu’ils se sont eux-mêmes fixées. Cela reste un combat pour eux de continuer à faire ce qu’ils aiment dans des conditions parfois difficiles. En règle générale, ils trouvent du sens à ce qu’ils font car cela leur tient à cœur. La moitié d’entre eux se considèrent en situation de précarité en tant qu’intermittents du spectacle, un statut qui implique de devoir rechercher du travail sans cesse pour avoir suffisamment d’heures et pouvoir renouveler sa demande de reconnaissance chaque année. La passion prend souvent le dessus sur les difficultés qui peuvent se présenter, et les questions de santé n’y échappent pas. Malgré le fait qu’ils puissent se sentir fragiles, surtout psychiquement, la santé n’est pas primordiale pour eux car d’autres problématiques leur semblent prioritaires.

Quelles sont les prochaines étapes de recherches menées dans le cadre du projet STARS ?

De nouvelles personnes vont arriver dans l’équipe projet après l’été, dont un post-doctorant qui va s’intéresser aux aspects réglementaires existants qui encadrent la santé des intermittents du spectacle, et un doctorant qui va suivre sur plusieurs années des compagnies de musique, danse, théâtre et cirque. Il va les observer pour voir comment elles sont structurées et mener avec elles des expérimentations dans le but de leur proposer des outils et méthodes pour améliorer leur fonctionnement, toujours en lien avec la prévention santé.

L’ensemble des travaux, terrain et recherches, seront regroupés dans une thèse à l’issue du projet.

 

Retrouvez l'interview d'Elsa Laneyrie, Responsable scientifique du projet, qui présente les objectifs du projet STARS et l'équipe qui travaille sur cette problématique de santé.

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